La Francophonie au Niger (Ibrahim Abdou Salam NIANG)
Résumé
Aborder la problématique de la francophonie au Niger est pour le moins difficile. En effet, la conquête coloniale du territoire du Niger remonte à une période relativement récente en comparaison avec les autres pays francophones de la sous région ouest-africaine. Le Niger ne devient colonie française qu’en 1922 tandis que pour des pays comme le Sénégal, les premiers contacts avec les Français et leur culture remonte au règne de Louis XIV, au XVIIe siècle. Dernier pays sur la liste des colonies françaises, on comprend aisément que le contact culturel entre le Niger et la culture française, notamment à travers la langue française, soit des plus récents donc des moins profonds pourrait-on dire. Paradoxalement, pour avoir été le cadre de la création en 1970 de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) des pays francophones devenue aujourd’hui l’Agence de la Francophonie, le Niger est considéré comme le berceau de la Francophonie. Quelle est la situation de la francophonie au Niger ? Qu’est ce que ce statut apporte au Niger ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut sans doute définir le concept de francophonie. Le terme est employé pour la première fois en 1880 par le géographe Onésime Reclus et signifiait « un espace géographique au sein duquel la langue française s’implante et évolue progressivement au rythme des mélanges culturels, des métissages d’un monde colonial en pleine expansion »1. C’est en 1962 que Maurice Druon lui donne sa définition actuelle : « L’ensemble de ceux qui ont le français en partage »2.
Il ne faut cependant pas confondre francophonie avec francité, terme inventé par Léopold Sédar Senghor et qui signifie « l’ensemble des caractères propres à la civilisation française »3. Par ailleurs, il convient également de prendre en compte le fait que la francophone va bien vite évoluer de l’instrument culturel de solidarité vers l’instrument politique d’affirmation de la communauté francophone dans le monde à partir de 1997 à la Conférence de Hanoï.
Bien que la francophonie soit une institution internationale, l’on ne peut expliquer la façon dont l’opinion nigérienne la perçoit, sans évoquer les relations bilatérales entre la France et le Niger.
